Le 3 juillet 2025, au cœur de la station de Serre Chevalier, un vent d’inclusion a soufflé sur le monde de la montagne. La Fédération Française Handisport (FFH) et le fonds dédié Génération Montagne ont officialisé un partenariat inédit qui marque un tournant historique dans l’accès aux sports d’hiver pour les personnes en situation de handicap.
Pour Gaël Rivière, Président de la FFH, cette collaboration dépasse le simple cadre d’une annonce : « Ce partenariat n’est pas une opération de communication, c’est une action très concrète qui va permettre à des centaines de personnes de découvrir ou de redécouvrir la montagne, dans un esprit de partage et d’ouverture. »
Ce rapprochement s’inscrit dans une dynamique collective, à l’heure où la montagne française cherche à conjuguer accessibilité, sport et innovation sociale. Avec, en ligne de mire, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver 2030, cette initiative pose les bases d’un héritage durable, où la pratique des sports de glisse devient un vecteur de partage, d’émancipation et de dépassement de soi.

Un projet né d’un constat simple mais urgent
Pour Gaël Rivière, cette initiative répond avant tout à une réalité de terrain souvent sous-estimée : « Les sports de montagne représentent une part importante de notre activité, mais sur la partie grand public, la base de pratiquants reste réduite. L’objectif est clairement de l’élargir, de permettre à des personnes qui n’avaient jamais imaginé pratiquer ou qui n’avaient pas de solution pour le faire de découvrir ces disciplines. »
L’éloignement géographique des stations, la complexité des déplacements et le manque d’infrastructures adaptées freinent encore aujourd’hui la pratique des sports d’hiver pour de nombreux licenciés. Avec ce programme, la FFH entend franchir une étape décisive en faisant tomber ces barrières. «Nous voulons que ce dispositif ait un impact concret, qu’il touche réellement des personnes en situation de handicap. Ce n’est pas une opération de communication, c’est une action sur le terrain, pour des pratiquants bien réels », précise-t-il.
Une ambition claire : 1000 bénéficiaires dès 2025-2026
Dès l’hiver 2025-2026, le programme vise à permettre à près de 1 000 personnes de découvrir ou de perfectionner leur pratique des sports de glisse, du ski alpin au snowboard. Si Gaël Rivière préfère tempérer les attentes pour cette première année, il insiste sur la dynamique enclenchée : « C’est un challenge d’arriver à 1.000 personnes, mais l’objectif reste clair : élargir notre base de pratiquants et faire tomber les freins qui empêchent encore trop souvent l’accès aux sports de montagne. »
Pour atteindre cet objectif, des appels à projets ont été lancés auprès des comités départementaux, régionaux et des clubs affiliés à la FFH. L’idée est de favoriser un accès le plus large possible, sans critères restrictifs dans un premier temps. « Nous voulons construire avec le terrain, avec les acteurs qui connaissent les besoins de leurs licenciés. Ce dispositif doit s’adapter à chaque réalité locale, qu’il s’agisse d’un massif très fréquenté ou d’une petite station plus isolée », explique le président de la FFH.
Ces sorties seront organisées dans l’ensemble des massifs français, avec un même objectif : démocratiser l’accès à la montagne et offrir une expérience encadrée, sécurisée et sur mesure, où chaque participant, quel que soit son handicap, pourra vivre pleinement les sensations de la glisse.
Un dispositif concret et inclusif
La FFH souhaite que ce projet soit efficace et tangible, loin de tout effet d’annonce : « Nous sommes hostiles à ce que j’appelle l’inclusion washing. Il ne s’agit pas de se contenter d’un label, mais de garantir un accès réel aux personnes en situation de handicap. »
Les appels à projets, lancés auprès des clubs et comités territoriaux, se veulent ouverts et flexibles pour favoriser la participation la plus large possible. Ce n’est qu’après cette première phase d’expérimentation qu’un éventuel filtre pourra être appliqué pour optimiser l’impact du programme.
Si le financement des sorties représente une avancée majeure, la FFH voit plus loin. Le président de la fédération insiste sur la nécessité d’accompagner les stations dans leur transition vers une accessibilité accrue : « Il y a plusieurs strates d’intervention possibles. Nous pouvons sensibiliser les décideurs sur l’importance d’infrastructures accessibles et travailler à la formation des moniteurs pour accueillir les personnes en situation de handicap dans de bonnes conditions. »
Former les professionnels de la montagne et sensibiliser les équipes aux bonnes pratiques est une étape essentielle pour que l’inclusion devienne une réalité quotidienne dans les stations françaises.
Vers les Jeux Olympiques et Paralympiques 2030
Le partenariat entre la Fédération Française Handisport (FFH) et le fonds dédié Génération Montagne s’inscrit également dans une vision à long terme, avec en ligne de mire les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hiver Alpes 2030. « Si ce projet est avant tout pensé pour le développement et la démocratisation, nous savons que le développement alimente le haut niveau. Plus notre base de pratiquants s’élargira, plus nous aurons de chances de détecter de nouveaux talents », explique Gaël Rivière.
Ancien sportif de haut niveau lui-même, le président de la FFH connaît l’importance de ce vivier de pratiquants pour l’avenir des équipes de France paralympiques : « nous ne sommes pas à l’abri de bonnes surprises. Des personnes qui, par le passé, pratiquaient déjà les sports d’hiver sans être identifiées par la fédération pourraient émerger grâce à ce dispositif. Il y a peut-être dans cette nouvelle base des futurs athlètes qui défendront les couleurs de la France en 2030. »
Au-delà de la détection, cette initiative contribue à consolider l’image d’une montagne française accessible et performante, où l’inclusion et l’excellence sportive avancent de concert. C’est tout un écosystème – clubs, encadrants, collectivités et stations – qui se mobilise pour que les sportifs de demain puissent s’entraîner et progresser dans des conditions optimales, tout en offrant une expérience enrichissante aux pratiquants de tous niveaux.
Une montagne plus inclusive, un défi collectif
Bien qu’il ne soit pas issu du milieu de la montagne, Gaël Rivière confie avoir été « extrêmement et agréablement surpris » par l’accueil réservé par les acteurs de la filière dès les premiers échanges autour de ce projet. « Nous avons reçu un accueil chaleureux et enthousiaste, mais aussi exigeant. Les partenaires veulent que ce dispositif soit concret, qu’il réponde à des besoins réels, et qu’il s’inscrive dans une dynamique durable, au-delà des effets d’annonce », explique le président de la FFH.
Cet engagement sincère, porté par Domaines Skiables de France, le fonds dédié Génération Montagne et les clubs de terrain, donne au projet une dimension collective unique : « Ce qui m’a frappé, c’est cette énergie et cette volonté de travailler main dans la main pour améliorer l’accessibilité, en ayant en tête l’échéance des Jeux de 2030, mais sans en faire une simple opération de communication », souligne-t-il.
Ensemble, les partenaires posent les bases d’un programme ambitieux où solidarité, accessibilité et performance convergent. S’il reste encore de nombreux défis à relever pour atteindre une accessibilité optimale dans l’ensemble des stations, la dynamique enclenchée est prometteuse : « Nous savons qu’il n’y aura pas de montagne 100 % accessible en 2030. Mais l’essentiel, c’est de progresser ensemble, de poser des jalons concrets pour que les personnes en situation de handicap trouvent leur place dans l’univers des sports de montagne. »
Au-delà de l’aspect opérationnel, ce partenariat s’impose déjà comme un modèle de collaboration entre le monde du sport, les acteurs institutionnels et les territoires de montagne. En unissant leurs forces et leurs expertises, ils ouvrent la voie à une montagne plus inclusive, où l’expérience sportive devient un levier de partage, de lien social et de dépassement de soi.