Depuis 2014, le festival Rencontres Montagne & Sciences transforme la montagne en scène vivante de médiation scientifique, de culture partagée et d’éveil à la connaissance.
Née de la volonté de deux chercheurs grenoblois, et portée aujourd’hui par une équipe passionnée, l’association éponyme déploie chaque année un événement qui conjugue cinéma, terrain, engagement éducatif et rencontres humaines. À sa tête, Anaïs Schneider, coordinatrice depuis 2020, incarne avec conviction ce projet devenu référence : « L’idée est vraiment d’attiser la curiosité du grand public et de partager les résultats de recherche en montagne. »
Montagne et Sciences : un festival de films… mais pas seulement
Chaque automne, la tournée du festival Rencontres Montagne & Sciences débute à Grenoble, berceau du projet, avant de rayonner à travers une dizaine de villes situées dans des territoires de montagne : Lyon, Chambéry, Chamonix, Bourg-d’Oisans, mais aussi Valence, Largentière, ou Clermont-Ferrand. Si l’arc alpin constitue le cœur géographique de l’événement, sa portée s’élargit d’année en année avec des escales à Paris ou en Suisse. Cette itinérance traduit une ambition forte : amener la science là où elle est rarement racontée de manière vivante et incarnée. L’événement se décline en deux volets :
– une sélection grand public, ouverte à tous,
– une sélection scolaire, qui a réuni plus de 8 000 élèves lors de la dernière édition.
Les projections vont bien au-delà de simples séances de cinéma : elles deviennent des moments d’apprentissage collectif, où le film est suivi d’un échange avec le ou la scientifique ou le réalisateur. Chaque intervention permet de décoder, contextualiser et approfondir les sujets abordés à l’écran : « Même les films destinés au grand public sont accessibles : il n’y a pas besoin d’avoir un bac scientifique pour les comprendre. À Grenoble, nous sommes entourés par trois massifs, mais beaucoup ignorent les recherches scientifiques qui y sont menées »
L’association pousse l’expérience plus loin en sortant des salles obscures pour aller sur le terrain, là où la science s’écrit au quotidien. À travers un programme original de randonnées scientifiques, le public est invité à arpenter les sentiers aux côtés de chercheurs. Anaïs Schneider ajoute : « Nous proposons au public d’accompagner des chercheurs sur leur terrain de recherche pour en apprendre encore davantage sur la montagne». Ces sorties, ouvertes à tous, permettent d’explorer concrètement les processus d’érosion, les effets du changement climatique, ou encore les dynamiques de biodiversité, directement dans les milieux concernés.
Des thématiques variées, entre science, écologie et culture
Chaque film sélectionné s’inscrit dans une démarche rigoureuse de vulgarisation scientifique, accessible et exigeante à la fois. Des sujets cruciaux comme le réchauffement climatique, la biodiversité alpine ou encore des récits d’histoire expérimentale ou de sociologie des territoires de montagne nourrissent une programmation d’une rare densité. « Nous avons projeté des films avec des pandas roux, des grenouilles, des glaciers artificiels dans le Ladakh… et même des histoires d’alpinisme en 1492 », précise Anaïs Schneider.
Cette diversité de disciplines – allant des sciences naturelles aux sciences humaines, en passant par la géopolitique de la neige, les savoirs autochtones ou les transitions agricoles – permet à chacun, petit ou grand, de découvrir une montagne multiple et vivante, à rebours des clichés figés. Les films, souvent inédits ou méconnus du grand public, sont choisis pour leur qualité narrative autant que scientifique. La richesse du contenu est décuplée par la présence active des chercheurs et des réalisateurs lors des projections. Invités à prendre la parole après les films, ils partagent les coulisses de leur travail, expliquent leur démarche et répondent aux questions du public.
Un modèle économique engagé, soutenu par Génération Montagne
Depuis sa création, l’association a fait le choix d’un accès gratuit pour les scolaires, les étudiants et les mineurs, et d’un prix libre pour le grand public. Un engagement fort pour la démocratisation culturelle. Mais cela implique une recherche constante de partenaires publics et privés pour assurer la viabilité du projet.
« Notre objectif depuis le départ, c’est que le festival soit accessible au plus grand nombre. »
En 2024, le Fonds Génération Montagne a apporté un soutien déterminant à la 11ᵉ édition du festival. Ce partenariat a permis :
– d’organiser des actions de communication plus ambitieuses,
– de renforcer la présence de scientifiques sur le terrain,
– et surtout, d’orchestrer une rencontre exceptionnelle venue tout droit de l’Himalaya.
« Le soutien de Génération Montagne nous a permis de faire venir une biologiste indienne engagée dans la protection des pandas roux ». Une action qui illustre pleinement la vocation du fonds : soutenir des projets de transmission, de lien au territoire et d’éducation à la montagne.

Montagne et Sciences : vers une 12ᵉ édition ambitieuse
La 12ᵉ édition du festival est en préparation pour la saison 2025–2026, avec de nouvelles villes envisagées, dont Annecy, et un programme de randonnées scientifiques déjà actif depuis février et jusqu’en août.
Parallèlement, le festival renforce sa visibilité sur les réseaux sociaux, avec un teaser vidéo vu par plus de 250.000 personnes cette année grâce à des campagnes ciblées.
Portée par une seule salariée et une équipe de bénévoles passionnés, l’association incarne un projet ancré, résilient et en expansion maîtrisée. Elle prouve que la montagne est un territoire fertile pour le dialogue entre science et société, entre mémoire et avenir. Le festival Montagne et Sciences est une manière de créer du lien entre les gens, les savoirs et les territoires.
Et, comme le résume Anaïs Schneider : « A l’occasion de ce festival, nous faisons beaucoup de photos et de vidéos. Mais le plus précieux, ce sont les rencontres. »
